Le Comité de Vigilance pour la Démocratie en Tunisie, la Faculté des Sciences Sociales et l’Université de Liège co-organisent une journée d’étude: Le «printemps arabe» vu par les sociologues tunisiens.
Les révoltes qui ont secoué le Monde arabe au cours de l’année 2011 – désormais baptisées « printemps arabe » – ont pu apparaître comme une surprise, prenant à revers les analyses des experts les plus avertis. Ces mouvements de protestation, d’insurrection et de révolte – voire de révolution – remettent en cause de nombreux préjugés et stéréotypes véhiculant une vision statique, conformiste des sociétés arabes. C’est en définitive, l’ébranlement du mythe de « l’exception arabe » dont l’une des conséquences devient la nécessité de se dégager des analyses culturalistes, essentialistes et des anciens paradigmes dominants en sciences sociales, comme le paradigme « développementaliste ». En effet, les sciences sociales se sont trouvées dans l’embarras face à ces nouvelles formes de révolte. Elles ont tendance soit à banaliser ces phénomènes révolutionnaires, en les traitant comme des phénomènes parmi d’autres avec les catégories habituelles des théories classiques, soit à s’enfermer dans une posture normative (axiologique) ou dans une vision occidentalo-centrique. Il y a donc incontestablement des difficultés à mobiliser les cadres analytiques et conceptuels classiques des sciences sociales, ce qui suppose l’invention de nouveaux cadres.
L’une des ambitions de cette journée sera l’occasion de réfléchir à la construction d’une problématique nouvelle en sciences sociales pour l’étude de la question de l’émancipation dans un monde globalisé et plus particulièrement dans le contexte des sociétés arabo-musulmanes postrévolutionnaires.
L’enjeu est d’envisager l’élaboration de nouvelles perspectives théoriques susceptibles de rendre intelligible les changements sociopolitiques et les mutations économiques, sociales, religieuses et culturelles dans nos sociétés en tenant compte de leur inscription dans un contexte de globalisation. Autrement dit, cette réflexion collective a pour ambition la construction d’un cadre d’analyse permettant de comprendre la teneur et les enjeux des nouvelles formes de résistances et d’émancipation ainsi que les mutations économiques et politiques qu’elles sont censées engendrer. Il s’agit en outre d’initier une analyse approfondie des multiples facettes de ces transformations survenues dans le monde arabe et ailleurs et de s’interroger sur les perspectives d’un changement de paradigme en sciences sociales.
A l’occasion de cette journée d’étude, nous invitons des sociologues tunisiens pour développer une analyse à la fois « endogène » et critique du processus révolutionnaire et des enjeux de l’émancipation dans le Monde arabe.
Liste des intervenants tunisiens :
– Ridha Ben Amor, Maître de conférences en sociologie à la Faculté des Sciences Humaines et Sociales, Tunis
– Amor Cherni, Professeur de philosophie à l’Université Blaise Pascal à Clermont-Ferrand (France)
– Baccar Gherib, Professeur d’économie à la Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et de Gestion de Jendouba (Tunisie)
– Mohamed Kerrou, Professeur de sciences politiques (Université El-Manar de Tunis)
– Ahmed Khouaja, Professeur de l’enseignement supérieur, Directeur du département de Sociologie à la Faculté des Sciences Humaines et Sociales, Tunis
– Mondheur Kilani, Professeur d’anthropologie à l’Université de Lausanne (Suisse)
– Imed Meliti, Professeur d’enseignement supérieur en sociologie à l’Institut supérieur des sciences humaines de Tunis (ISSHT) – Université de Tunis El Manar. Chercheur détaché à l’IRMC
– Saleh Mosbah, Professeur de philosophie politique et sociale à l’Université de Tunis
– Fathi Rekik, Professeur de sociologie, Directeur du département de sociologie à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de l’Université de Sfax (Tunisie).