Communiqué contre l’impunité des violeurs en Tunisie post-révolutionnaire

Communiqué contre l’impunité des violeurs en Tunisie post-révolutionnaire

L’émission « Andi manqollik »diffusée par la Chaine « Al hiwar ettounsi » a traité ce 14/10/20016 de la situation d’une jeune femme victime de viol intrafamilial en Tunisie. Un viol répété commis par trois hommes mariés d’une quarantaine d’années de l’entourage familial. Ce calvaire a duré quatre ans avec le silence coupable de la famille et a commencé alors que la victime n’avait que quatorze ans.

Tout le long de l’émission, le présentateur s’est acharné contre la victime en pleur pour la persuader qu’elle était fautive en se taisant pendant quatre ans .Elle devait donc demander pardon à son père travaillant dans une mosquée, et qui l’a expulsé du domicile familial en apprenant qu’elle était enceinte de ses violeurs .

Le présentateur de l’émission a essayé de convaincre la victime de devoir se concilier avec celui de ses violeurs qui serait prouvé être l’auteur de l’enfant à naître et qui sera obligé de reconnaître l’enfant et l’affaire serait ainsi clôturée.

Le Comité de vigilance pour la démocratie en Tunisie (Belgique) dénonce avec fermeté cette tentative scandaleuse de la part des média de transformer la victime d’un viol en responsable des faits dont elle était victime et d’utiliser son état de vulnérabilité pour se résigner à se concilier avec ses bourreaux et abandonner ses droits de les voir rendre compte de leur actes criminels.

Cette émission met à nu une vision paternaliste ,misogyne et rétrograde de la justice des puissants qui accable les plus faibles dans notre société ( les femmes ,les pauvres ,les travailleurs et les gouvernés) en les rendant responsables de leur souffrance et leur détresse pour permettre aux plus puissants(les mâles ,les riches et les gouvernants ) de continuer leurs méfaits en toute impunité.
Nous ne pouvons malheureusement nous étonner de la manifestation de cette conception rétrograde et ignoble des droits de la femme qui imprègne encore la législation encore en vigueur en Tunisie. L’animateur de l’émission n’a fait que répéter, sans le savoir peut –être, le texte de l’art 227 bis du code pénal tunisien qui permet la suspension des poursuites contre les violeurs des victimes âgée de moins de quinze ans jusqu’à l’âge de vingt ans, dans le cas où le violeur accepte de se marier avec sa victime.
Nous condamnons ce genre d’émission qui se base sur un voyeurisme malsain et banalise la détresse des plus faibles dans notre société et nous demandons l’abrogation de cette disposition inconstitutionnelle qui viole d’une manière flagrante et honteuse les droits de la femme et les droits des victimes parmi elles des violences prévus par les articles 46 et 49 de la Constitution .

Cette affaire démontre l’absence de toute volonté politique des gouvernements successifs de réformer réellement nos institutions dans le respect des principes constitutionnels.

Le Comité de Vigilance pour la démocratie en Tunisie

Liège le 20 /10/2016

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Author: CVDTunisie