Communiqué de presse : île de Kerkennah, Tunisie, solidarité avec les naufragés et leurs familles victimes des politiques de migrations.
Le spectacle désolant de morts en mer méditerranée se répète dans l’indifférence !
Encore un fois, le mardi 9 juin 2020, une embarcation clandestine a chaviré au large d’île de Kerkennah. Le bilan est terrible : plus de 20 personnes sont mortes, on ne connait toujours pas le nombre des disparus.
Les chiffres de l’émigration non-règlementaire, qui se sont emballés ces derniers temps, sont symptomatiques de l’ampleur de la crise économique et sociale dans laquelle s’enlise la Tunisie.
Le Comité de Vigilance pour la Démocratie en Tunisie – Belgique tient à souligner la gravité de la crise économique et sociale et le CVDTunisie déplore le peu de cas que font les autorités sur l’ampleur du drame et ses répercussions sur la situation sociale et de la jeunesse du pays qui semble vivre dans un tunnel obscur et ne rêve que d’une seule chose : quitter le pays par n’importe quel moyen à la recherche d’une vie meilleure.
Ce rêve, qui se transforme trop souvent en cauchemar, n’est pas seulement celui des laissés pour compte de notre jeunesse mais aussi de plus en plus de jeunes dotés de compétences techniques et scientifiques élevées.
Le CVDTunisie exprime son profonde tristesse devant la perte des victimes et présentent leurs condoléances les plus attristées à leurs familles, en formulant l’espoir de salut pour les personnes portées disparues. Nous rappelons encore une fois les autorités à fournir aux familles, le plus rapidement possible, toutes les informations concernant les victimes et les disparus et à assurer aux survivants l’assistance psychologique nécessaire. Les tragiques précédents du 8 octobre 2017, et du 3 juin 2018 dans toutes les mémoires, ne doivent pas être répétés.
Le CVDTunisie exhorte le gouvernement tunisien à renoncer à l’approche sécuritaire de l’émigration non-réglementaire, et à s’atteler au démantèlement des filières clandestines et à la poursuite des passeurs. Ce contexte dramatique doit également nous conduire à réviser les modalités de la coopération avec l’Union européenne fondée sur le tout-sécuritaire et la fermeture des frontières. On ne peut indéfiniment surseoir aux politiques de développement véritables qui tiennent avant tout compte des aspirations de la jeunesse à la dignité et à la justice sociale.
Le CVDTunisie tient à rappeler, une fois encore, le coût social de plus en plus lourd des choix économiques actuels et à attirer l’attention des gouvernants sur les dangers de cette politique du désespoir organisé qui laisse de larges catégories de jeunes face à un horizon bouché sans autre issue que le départ au risque de leurs vies.
Liège, le 09 juin 2020
Le Comité de Vigilance pour la Démocratie en Tunisie – Belgique