NON A L’ÉTAT D’URGENCE EN TUNISIE
Le chef de l’Etat tunisien Béji Caïd Essebsi a décrété samedi 04 juillet l’état d’urgence, et ce sans consulter le Parlement, en accordant des pouvoirs d’exception aux forces de l’ordre, huit jours après un attentat sanglant qui a tué 38 touristes près de Sousse. Le représentant de l’union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (UTICA), et des hommes de l’ancien régime de Ben Ali appellent à la fermeté et exhortent le gouvernement de suspendre les droits et libertés : droit de grève, de manifestation, l’information et la presse, … pendant un an.
Tous justifient ce coup d’Etat contre la Constitution et cette restauration de la dictature par les tensions sociales, l’état de délabrement de l’économie nationale et surtout par la recrudescence du terrorisme après le massacre de Sousse.
Tous, relayés par certains médias aux ordres, poussent pour imposer « la réconciliation nationale » immédiate en dehors du dialogue national qui devient pour les « représentants du secteur privé » stérile et donc le retour à l’Etat policier.
Nous ne pouvons que condamner fermement cette dérive dangereuse antidémocratique qui n’est nullement une réponse adéquate et encore moins nécessaire au terrorisme.
Les tensions sociales, l’état de délabrement de l’économie nationale et même le terrorisme ne sont que les conséquences inéluctables des choix politiques, économiques et sociaux des différents gouvernements d’avant et après la révolution.
Tout en luttant contre le terrorisme et l’obscurantisme, nous ne pouvons admettre d’utiliser ce phénomène comme alibi pour sacrifier nos libertés, restaurer la dictature et abandonner notre souveraineté nationale.
Nous appelons toutes les forces démocratiques et progressistes et les composantes de la société civile, y compris l’UGTT, de s’unir pour la défense des droits et des libertés, de la démocratie et pour mettre fin à cette dérive autoritaire.
Liège, lundi, 13 juillet 2015
Comité de Vigilance pour la Démocratie en Tunisie